Zut encore!!!

A 49 ans je viens de découvrir qu'après plus de 40 ans de répit, j'ai un cancer des 2 seins. J'ai de la chance car consultée en France, j'ai été prise immédiatement en charge. Mais je me suis mise à la place de ces millions de femmes africaines qui ne peuvent compter sur aucun soin. Aussi, je voudrais par ce blog sensibiliser sur le cancer dans nos pays et faire réagir. Suivez moi dans mon combat.

vendredi 23 août 2013

Fragile Amazone.

S’autoproclamer Amazone, c’est une chose, mais pouvoir mener un combat jusqu’à son terme cela en est une autre ! Il semble que j’ai surestimé ma vaillance et mes forces, car cet adversaire me semble bien trop fort pour moi. J’ai compris que pour être un bon stratège, il faut apprendre à connaitre son adversaire et devancer ses coups comme dans un jeu d’échecs. Mais face à un cancer, peut-on vraiment prétendre connaitre un tel adversaire et pouvoir le vaincre? L’Amazone se forge une armure pour se protéger des autres mais pas de la maladie.

Après mûre réflexion, je pense que je pose mal la problématique. Ce n’est pas la maladie qu’il faut essayer de combattre, mais les effets secondaires de la chimiothérapie. Depuis le 6 août date de mon dernier article, j’ai été dans l’incapacité de réagir tant physiquement que psychologiquement. Le physique n’est pas le plus dur à surmonter, c’est psychologiquement que c’est difficile. Je suis assaillie par de nombreuses questions existentialistes qui me font douter de la nécessité voire de l’intérêt de tant de souffrances. Pourquoi infliger au corps toute cette douleur pour finir par l’abandonner aux vers enseveli dans un cercueil aussi capitonné soit-il ? Pourquoi continuer le traitement, je ne voulais plus me battre. J’en avais assez et si près «du but » !!!

J’étais à deux doigts de signifier mon abandon au médecin quand j’ai été admise en urgence à Curie pour des complications. J’ai partagé ma chambre pendant une semaine avec une dame d’à peu près mon âge d’origine algérienne.  Chaque jour, malgré la douleur, elle trainait sa perfusion dans la salle bains, faisait ses ablutions, s’installait dans son lit, un oreiller sur les genoux, un foulard sur la tête et faisait ainsi, chaque jour ses cinq prières. Quand la douleur était trop grande elle prenait son Coran et lisait quelques pages. Son histoire ? un cancer du sein guérit puis quelques années plus tard une rechute avec des métastases dans le foie, les reins et une méningite pour couronner le tout. Cela faisait une année qu’elle suivait sa cure de chimio avec une bonne dose de corticoïdes. Elle n’avait pas d’enfant, mais avait son mari à ses côtés dans toutes ces épreuves.

Elle me redonna du courage, car je compris que j’étais ingrate envers Dieu. Nous n ‘avons certes pas le même seuil de tolérance de la souffrance, mais elle m’a redonné de l’espoir car j’avais plus qu’elle n’aura jamais : un fils. Un fils né d’un ovaire une fois déjà sauvé du cancer. Puis je me suis souvenue de la chanson du chanteur togolais qui dit : vous pensez qu’il n’y a que vous qui souffrez, la souffrance est partout, dans la maison du riche comme du pauvre. La souffrance est de différente sorte….Quand d’autres vous racontent leurs souffrances, vous oubliez les vôtres, car il y a différents niveaux de souffrance. ».

C’est bon je vais me relever et repartir, ne serait-ce que pour mon fils et ma petite-fille. Pouvoir reconnaitre qu’on a mis un genou à terre et avoir perdu une bataille, c’est la reconnaissance que l’on est vulnérable et mortelle, mais c’est aussi l’assurance de plus de pugnacité pour la suite du combat.

mardi 6 août 2013

Alors, et si on passait à la pratique ?


Depuis l’ouverture de mon blog, j’ai beaucoup écrit, mis des liens que je ne suis pas certaine que beaucoup on eu le temps d’aller visiter. Certaines personnes doivent se dire, oui elle parle du cancer, de sa situation, mais elle ne propose rien. Ce qui n’est pas vrai parce que j’ai mis des liens de dépistage. Mais le moment n’est pas de tergiverser, mais d’être pragmatique.
Alors, et si on passait à la pratique ? Simple et facile.
Rendez-vous chez votre gynécologue obligatoirement au moins une fois par an, même si vous n’avez pas envie. Parce que je reconnais, il est vrai que ce n’est pas toujours agréable. Il faut dire qu’il y a en a des « gynécologues » qui abusent. Dès que vous arrivez, il vous dit de vous déshabiller, il enfile ses gants, vous écarte les cuisses et avant que vous n’ayez le temps de dire ouf, il vous farfouille comme s’il avait perdu quelque chose là-bas. C’est sérieux ce que je dis. Moi j’ai eu une expérience où avant cette « agression » elle, parce que c’était une femme avait pris soin de mettre les doigts dans l’alcool. Imaginez un instant la brulure !!!!
Sachez les filles qu’il n’y a strictement aucune raison que vous subissiez cela alors que vous venez pour un contrôle et que vous n’avez pas de douleurs au bas ventre… Ceci est dit ! N’hésitez pas à changer de gynécologue s’il le faut. Ce qui marche aussi bien c’est quand vous vous faites accompagner de votre mari, petit ami... En général, cette présence atténue la prise de risque de certains. On hésite aussi souvent parce que l’on se dit : cet inconnu va regarder mon intimité… Plaignez-le plutôt ! C’est vraiment un noble métier parce que passer sa journée à ne voir que ça, soyez sûr qu’il n’aura pas le temps de se souvenir de votre entre-jambe, sauf quelques désaxés bien entendu.
Pensez à demander un frottis du col de l’utérus qui se fait sur le champ ou en laboratoire. Mais en général, cet examen se passe ainsi : vous vous déshabillez, il introduit un speculum pour voir le col de l’utérus, prend un coton tige destiné au prélèvement, et vous sentez à peine quelques frottements sur le col de l’utérus. Ca dure trois secondes et dans une intimité totale. Pas question pour l’aide-soignant ou soignante de venir chercher un matériel alors que vous avez les jambes grandes ouvertes. Aucun doigt ganté ou pas ne rentre là-bas s’il n’y a pas souci ! Sachez défendre votre intimité.
Donc le frottis du col de l’utérus est le premier examen que vous devez demander, car c’est un virus que l’on attrape au cours des rapports sexuels non protégés. En occident, il existe un vaccin pour protéger les jeunes filles dès 11ans avant leur premier rapport sexuels. Pour plus de détails allez sur ce site.cancer de l'uterus
En général, le palper des seins vient avant le frottis. Mais l’important est que le gynécologue vous « palpe » les seins. On a pas dit « tripoter » les seins. Il y a une manière bien spécifique, scientifique de « palper » les seins à la recherche de grosseurs éventuelles. Apprenez à le faire aussi vous-même en regardant sur ce site. autopalpation des seins
A partir de 50 ans, vous devez pratiquer une mammographie chaque année et plus en fonction des antécédents familiaux. L’auto-palpation c'est-à-dire « on est mieux servi que par soit même est rapide et pas cher », à faire une fois par mois.  Commencez à regarder vos seins dans un miroir et recherchez un changement d’apparence de la peau : plissement, gonflement, creux, gaufrage (aspect de peau d'orange), hématome. Une éruption ou le moindre écoulement des mamelons.
 Si après cela vous sentez une grosseur anormale, courrez chez votre gynécologue. Si vous avez un bouton sur le sein (ou tout autre partie du corps en réalité) qui change de couleur, de forme ou grosseur, courrez aussi. Le mamelon aussi est à surveiller de près.
Apprenons à surveiller et aimer notre corps car en général voilà ce que nous faisons : on sort du lit, immédiatement on attache le pagne sur la poitrine. On rentre dans la salle de bains, on se lave, on s’essuie, on remet le pagne, on rentre dans la chambre, on s’assied au bord du lit de préférence loin du miroir, on se pommade, on s’habille….et seulement et seulement à ce moment, on s’admire dans la glace et on peaufine notre maquillage. A aucun moment on ne prend le temps de regarder notre corps, de l’inspecter. C’est vrai qu’il y a des moments où nous aimerions qu’il soit différent, parce que les ravages des multiples maternités et de nos hommes l’ont mis à l’épreuve, mais nous ne pouvons que l’accepter et l’entretenir de notre mieux. Faites-le une à deux fois par mois.
Maintenant je voudrais m’adresser à nos maris, amants, fils…enfin toute la gente masculine. Normalement, je dis normalement vous devriez être les premiers « scruteurs et gardiens» de nos seins et corps en général. Quand vous naissez, vous les avez mains et en bouche, quand vous devenez homme vous abandonnez ceux de maman fatigués ou il n’y a plus de lait pour celles de vos amies, maitresses et épouses. Et le cycle recommence : vous les avez dans les mains et en bouche. Alors, dites-moi comment vous faites pour ne pas sentir les boules sous vos doigts, voir un bouton qui grossit, un mamelon qui change d’apparence… ? Soit vous ne vous attardez pas trop sur ces parties, ou vous avez d’autres priorités !!!. Il faut aussi dire qu’il y en a tellement….
En conclusion, faisons de nos compagnons des alliés pour scruter nos corps avec nous. Par contre, si vraiment c’est le désert à l’horizon et que vous avez préféré l’adage « il vaut mieux être seule que mal accompagnée », optez pour une parente ou amie ou votre gynécologue. Messieurs, aidez-nous à préserver notre santé. C’est aussi une preuve d’amour n’est-ce pas ?!

vendredi 2 août 2013

Malade en quête de réconfort ? Regardez la télé.



Depuis que je livre mon combat contre cette maladie, faute de pouvoir me déplacer librement, j’ai opté dans mes moments de désœuvrement pour une distraction somme toute banale : la télévision.
J’ai donc payé mon abonnement, oui payé parce que dans les hôpitaux ce n’est pas gratuit. Mais il faut dire que la structure de santé privée où je suis en suivi de soins bat tous les records : 8 euros la journée. Bref, certainement une manière de décourager les malades de regarder la télé et de mieux se concentrer sur leur maladie.
Une fois l’abonnement pris, je me suis confortablement installée devant mon petit écran, télécommande du lit dans la main gauche et celle de la télé dans la main droite. En résumé, en un mois de télévision, j’ai eu ma dose d’émotions, car j’ai eu à suivre pas moins de cinq reportages et deux films instructifs sur le cancer. Quand j’ai éteint mon poste, je me suis dit que ce n’est peut-être pas une si mauvaise idée que l’accès à la télévision ne soit pas gratuit.
Voici en quelques longues phrases le résumé.
Alors, le premier film se déroule dans un cabinet d’oncologie aux USA. Deux oncologues y exercent leur activité avec une certaine réussite financière. Un jour, la police découvre le corps sans vie du premier oncologue que nous allons appeler Allan, sauvagement assassiné. L’étau se resserre et la police arrête son collègue que nous allons appeler Steven. Après des heures de garde à vue et après négociations avec le procureur, il explique ce qui suit :
Steven s’est rendu compte que les patients de son collègue Allan n’avaient pas les mêmes effets secondaires que les siens qui perdaient, conformément aux effets secondaires attendus, leurs cheveux, avaient des nausées, enfin bref les « jouissances » de la chimiothérapie. Alors, il fait son enquête et s’aperçoit que c’est parce que le fournisseur de son collègue avait remplacé tous les produits actifs par du sérum physiologique, et au bout de quelques temps de ce traitement ses patients finissaient tous par mourir de leur belle mort. Il prévint Allan, qui horrifié décida d’en parler à son fournisseur Jason et de le dénoncer s’il le fallait.
Jason, malgré les millions de dollars qu’il avait amassés ne voulut rien entendre et tua Allan. Quand il fut arrêté, il expliqua tout bonnement qu’on devrait plutôt le décorer pour avoir empêché les médecins d’empoisonner les malades en leur administrant de la chimiothérapie, car ils agonissaient dans d’atroces souffrances pour finir par mourir pour bon nombre d’entre eux.
Super, Super, Super, Super ! Alors, quand j’ai fini de regarder ce film à la veille de ma  première chimiothérapie, j’ai passé une nuit blanche ressassant les questions que j’allais bien pouvoir poser à mon médecin au risque de me faire jeter de l’hôpital. Durant toute ma consultation je me mordis la langue à maintes reprises et pris mon protocole en remerciant chaleureusement le médecin. La partie qui a le plus retenu mon attention dans mon protocole est l’aplasie. Comprenez, au bout de quelques jours, votre corps réagit à la chimiothérapie et vos défenses immunitaires seront en chute libre.
J’attendais donc avec impatience mon aplasie, et quand elle arriva, j’eu la certitude d’avoir bien reçu de la chimiothérapie et non un placébo. Chaque coup de brosse qui me ramenait une touffe de cheveux me rassurait sur la véracité ou réalité du produit qui m’avait été inoculé. Yes !
En somme, imaginez, ce que la télévision peut avoir comme effet sur une personne comme moi ayant encore toute sa raison ; enfin je crois bien !
Depuis, j’ai rendu ma télécommande, mais pas avant avoir d’avoir vu d’autres émissions que je vous raconterai dès que possible.
Hauts les cœurs !