Souvenez-vous, au début de mon blog je vous parlais d'Elise. Atteinte d'un cancer du sein, bien que femme d'un haut fonctionnaire fusse-t-il à la retraite, elle n'avait pû bénéficier d'une évacuation vers les pays du Maghreb. Craignant pour sa vie, elle accepta la solution d'aller se faire soigner au Ghana moyennant la coquette somme de 6 millions de francs CFA (environ 10000 euros) : le prix de sa santé, de sa vie.
Elle partit peu après moi pour Accra et après quelques mois de lutte acharnée elle devait apprendre le décès de son mari durant son hospitalisation. Nous nous appelions de temps à autre pour nous encourager mutuellement et je lui avais promis que nous nous retrouverions le mois prochain pour mes cinquante ans. Moi confortablement installée dans ma chambre médicalisée où tous mes faits et gestes sont scrutés heure après heure et elle dans son lit d'un obscure hôpital d'Accra nous parlions de notre maladie sans jamais s'apitoyer sur notre sort.
Je suis vraiment peinée qu'elle soit morte ainsi et en même temps en colère de constater que 40 après mon premier cancer, que mon pays n'est toujours pas en mesure d'offrir un centre d'oncologie à ses habitants. Que nous soyons toujours dans l'obligation de nous exiler quand plusieurs pays africains ont fait le choix de soigner leurs populations ? Voir articles ci-contre.
De combien de médecins oncologues disposent le Bénin sur son territoire quand nous savons que mon pays est celui qui compte le plus grand nombre de médecins en France? Combien de fois une infirmière, croyant me faire plaisir n'est venue me dire qu'elle connaissait un médecin béninois ? Souvent j'ais honte de dire que je ne peux m'offrir ces soins au Bénin faute d'infrastructures.
Le cancer n'est pas une invention des blancs comme certains africains le disent encore pour le sida. Ce n'est pas non plus la sorcellerie de votre grand-mère, demi frères, beaux-parents ou de vos collègues de travail!!. La maladie est présente et tue nos populations dans un silence assourdissant.
En somme : La différence entre Elise et moi c'est ma citoyenneté française qui m'a permis une prise en charge totale de mon cancer et contribuer à me sauver la vie...en tout cas, pour le moment.
Et vous, restés au pays ou ayant laissé vos proches dans nos pays d'origine, que faites-vous ?
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