Mais revenons sur Terre. Le réveil fut sans problèmes et j'ai été reconduite tranquillement à ma chambre. Je ne peux pas dire que j'ai eu à souffrir physiquement, puisse que la douleur est extrêmement contrôlée dans les hôpitaux ici. Non, la plus grande douleur, c'est de se voir dans le miroir, la poitrine barrée d'un gros pansement. Vous savez que vous êtes mutilée, mais vous voulez voir pour y croire.
Puis quelques jours après l'infirmière vous retire les pansements, et à ce moment vous comprenez, vous voyez. C'est juste un sentiment qui ne peut s'expliquer!!!
Imaginez que vous vous touchiez les seins et que vous ne les trouviez plus à leur place? Mais que toutes les terminaisons nerveuses sont encore là, juste comme un court-circuit !!!!J'essaie d'attraper mes mamelons, mais je les cherche sans pouvoir les attraper. Ils sont pourtant bien présents, puisque mon cerveau m'envoie des messages!!!!
Et puis, au fil des semaines il a fallu que je me rende à l'évidence : je n'ai plus de seins et les récepteurs sensoriels sont coupés. Au fil des jours et des semaines tout est devenu insensible.
A cet instant oui, je l'avoue que j'ai sombré. Je ne pouvais dire une phrase sans couler des larmes. Je me suis demandée pourquoi moi ? Ma foi a vacillé, mais je me suis accrochée et tout doucement les larmes n'ont certes pas disparues, mais se sont espacées.
Et puis surtout je me suis trouvée égoïste parce que je suis très entourée (amies, parents, corps médical, psychologues...), alors que tant de femmes meurent dans un silence assourdissant, rongées jusqu'au os.
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