Il y a de cela quelques jours encore,
je me satisfaisais du cocon hospitalier où ma maladie m’avait enfermée. Ma prise en charge a toujours été formidable autant médicalement qu'au niveau hôtelier. Mais toutes ces attentions des médecins et du personnel hospitalier ne peuvent me faire oublier la maladie, l’éloignement de mes proches, l’envie d’arrêter tous ces
traitements, toutes ces souffrances, mon corps mutilé, la privation de liberté, le questionnement
sur l’avenir: vais-je m’en sortir ? Et si oui, quand vais-je reprendre une
vie à peu près normale ?
Puis un matin, de la fenêtre du
petit salon où je me réfugiais pour fuir ma voisine de chambre du moment, j’entendis
un véhicule se garer juste sous la fenêtre. Mue par ma curiosité habituelle, j’ouvris
la fenêtre et assistais à la scène. En fait, c’était un véhicule mortuaire venu prendre une personne décédée la veille. Je ne pus m’empêcher
de prendre quelques photos tellement le transfert était froid, mécanique et
impersonnel. En 5 minutes, le corps était sorti et embarqué.
Une fois le véhicule parti, je pris la décision de
sortir de cet engrenage : tant qu’à tomber malade d’une maladie grave et à
en peut-être mourir, autant que ce soit entourée de personnes que j’aime et qui
m’aiment et qui auront à cœur de me le faire savoir maintenant et pas demain. Mais
ma plus grande hantise était d’avoir à fêter mes 50 ans le 13 novembre sur un
lit d’hôpital. Certes, la fête devra être décalée de quelques semaines, mais il
fallait que je sorte et cela immédiatement. Quelques jours plus tard, j’étais
sortie et mon seul objectif à partir de ce jour est de profiter intensément de
chaque jour.