Zut encore!!!

A 49 ans je viens de découvrir qu'après plus de 40 ans de répit, j'ai un cancer des 2 seins. J'ai de la chance car consultée en France, j'ai été prise immédiatement en charge. Mais je me suis mise à la place de ces millions de femmes africaines qui ne peuvent compter sur aucun soin. Aussi, je voudrais par ce blog sensibiliser sur le cancer dans nos pays et faire réagir. Suivez moi dans mon combat.

vendredi 12 juillet 2013

Zut j'ai oublié de faire le plein !

Pendant que le choc de la disparition de vos seins s'estompe petit à petit, que ce fût un 75 A ou un bon 95 C comme je faisais, je me suis rendue compte que j'avais oublié. Oublié quoi me direz-vous ? Oui! Oublié de faire le plein de câlins, de caresses et de tout ce qui va avec!!! 
Maintenant que je n'ai plus aucune sensation à cet endroit crucial qui stimule tout le corps que vous soyez un homme ou une femme, je me suis dit... idiote... si je savais. Oui je le savais bien mais ne voulais pas y croire. Et puis, à 6000 kilomètres de Cotonou, coupé de tous mes anciens amis vivant en France depuis longtemps, c'était tout de même un peu juste de trouver chaussure à son pied si rapidement avant l'urgence de la mastectomie, même pour un câlin de circonstance!!!.  
Je me voyais mal entrain de prendre mon téléphone : Allô c'est Brice, tu te souviens de moi ? C'est pour un câlin si tu as un peu de temps. Mais surtout c'est urgent! Comme les hommes ne savent pas dire souvent non, et c'est là que vous tombez sur un mauvais coup qui au lieu de vous donner du plaisir vous casse le moral pour plusieurs années.!!! 
Je pense que j'ai bien fait de n'avoir pas cédé en définitif, même si je ne vais pas pouvoir m' épanouir avant quelques mois et ce, seulement quand je redeviendrai une femme à part en entière.

Après cette prise de conscience, j'ai jeté un coup d’œil à mes sous-vêtements que j'ai minutieusement accumulés depuis tant d'années. J'en ai fait des files d'attentes dans les boutiques de lingerie fine pour avoir de beaux, vraiment beaux dessous!!! Je me souviens même d'avoir cassé avec un petit ami parce que dans sa précipitation il avait déchiré mes dessous Pérèle. Il regardait trop la télé celui-là. C'est vrai que beaucoup d' hommes ne prennent pas le temps d'admirer vos dessous et surtout ne comprennent pas comment vous pouvez dépenser tant pour des dessous, mais c'est comme cela ça ne s'explique pas. Faites un essai : demandez à votre homme après l'acte, la couleur et quelques détails sur vos dessous. Il se plantera à 70%. Mais on vous aime comme cela messieurs.!!!!

Donc, en attendant ma résurrection mammaire je repasse en revue mes dessous en essayant de me souvenir dans quelles conditions je les avais acheté et surtout à combien je les avais acheté!!!
Vivement que je retrouve mes 95 C ou D??? On verra !!!! Il faut que j'aille faire ma chimio.A bientôt.

samedi 6 juillet 2013

Ca y est c'est fait!

Quand les vapeurs de l'anesthésie se sont évaporées, mes yeux se sont ouverts sur le berceau d'un bébé. N’eussent été les tuyaux qui lui sortaient de tous les orifices, je me serais cru au Paradis avec un ange venu m'accueillir.
Mais revenons sur Terre. Le réveil fut sans problèmes et j'ai été reconduite tranquillement à ma chambre. Je ne peux pas dire que j'ai eu à souffrir physiquement, puisse que la douleur est extrêmement contrôlée dans les hôpitaux ici. Non, la plus grande douleur, c'est de se voir dans le miroir, la poitrine barrée d'un gros pansement. Vous savez que vous êtes mutilée, mais vous voulez voir pour y croire.
Puis quelques jours après l'infirmière vous retire les pansements, et à ce moment vous comprenez, vous voyez. C'est juste un sentiment qui ne peut s'expliquer!!! 
Imaginez que vous vous touchiez les seins et que vous ne les trouviez plus à leur place? Mais que toutes les terminaisons nerveuses sont encore là, juste comme un court-circuit !!!!
J'essaie d'attraper mes mamelons, mais je les cherche sans pouvoir les attraper. Ils sont pourtant bien présents, puisque mon cerveau m'envoie des messages!!!!
Et puis, au fil des semaines il a fallu que je me rende à l'évidence : je n'ai plus de seins et les récepteurs sensoriels sont coupés. Au fil des jours et des semaines tout est devenu insensible. 
A cet instant oui, je l'avoue que j'ai sombré. Je ne pouvais dire une phrase sans couler des larmes. Je me suis demandée pourquoi moi ? Ma foi a vacillé, mais je me suis accrochée et tout doucement les larmes n'ont certes pas disparues, mais se sont espacées.
Et puis surtout je me suis trouvée égoïste parce que je suis très entourée (amies, parents, corps médical, psychologues...), alors que tant de femmes meurent dans un silence assourdissant, rongées jusqu'au os.