Zut encore!!!

A 49 ans je viens de découvrir qu'après plus de 40 ans de répit, j'ai un cancer des 2 seins. J'ai de la chance car consultée en France, j'ai été prise immédiatement en charge. Mais je me suis mise à la place de ces millions de femmes africaines qui ne peuvent compter sur aucun soin. Aussi, je voudrais par ce blog sensibiliser sur le cancer dans nos pays et faire réagir. Suivez moi dans mon combat.

samedi 15 juin 2013

Garder avant tout un souvenir.


Quelques heures après mon installation dans ma chambre d’hôpital, le chirurgien est passé me confirmer que ce serait une massectomie totale et non partielle comme il me l'avait promis.
Que pouvais-je y faire sinon tout simplement accepter la décision qui pourrait me sauver la vie.Je dois tout de même reconnaître que je m'y étais plus ou préparé.

En effet, quelques jours avant mon opération, j'ai désiré garder un souvenir de ma poitrine, de mes seins qui disparaîtront sous peu. C'est vrai que l'on a pas l'habitude de se photographier nue, mais je me demande si ce n'est pas un peu dommage, car en fait on ne garde aucun souvenir de notre corps, si ce n'est en maillot de bains et encore!!!!  Alors, je demandais à mon fils de bien vouloir me photographier poitrine nue juste recouverte de la veste de mon pyjama.

Ces photos furent les plus difficiles que j'ai eu faite dans ma vie, car je les vivais comme une mort annoncée de mon corps. Non pas parce qu'il fut superbe, mais je l'aimais bien comme il était avec les quelques kilos de trop!!!! Je me demandais comment serait mon corps après cette amputation, cette mutilation de mes seins? A quoi allais-je ressembler ? Pourrais-je toujours m'habiller ? Serais-je toujours aussi désirable par mon compagnon ? Enfin bref ! Les questions se bousculaient dans ma tête, mais heureusement que j'allais immortaliser ce corps avec ces photographies.

mardi 11 juin 2013

Massectomie partielle ou totale ?


Le médecin m'avait promis qu'il ferait tout son possible pour sauver le sein gauche qui était moins malade. Alors je me suis accrochée à cet espoir. Je suis donc rentrée à l'hôpital début mai pour l'opération. La veille, les radiologues doivent poser des repères pour le chirurgien. Mon fils a pu se libérer et m'avait accompagné avec une de ses amies.
 
Je suis rentrée seule chez le radiologue qui a fait une première puis une seconde mammographie. Au moment de me donner les résultats j'ai senti qu'il y avait quelque chose qui n’allait pas, puis un autre radiologue senior est appelé en renfort. Conclusion : rien à repérer, la tumeur est trop grande il faut tout enlever. 
J'ai encaissé la nouvelle sans broncher puis, de retour dans la salle d'attente j'annonçais la nouvelle à mon fils qui se mit aussitôt à pleurer. Ses larmes et celles de son amie me fendirent le coeur, moi qui jusque là ne m'étais pas encore effondrée à la nouvelle de ma nouvelle maladie. Je les pris dans mes bras et on pleura tous les trois dans ce couloir froid de l'hôpital de l’Institut Curie. 

Une fois les larmes passées, j'en profitais pour lui faire la morale, lui dire que je n'allais pas mourir tout de suite, mais que la vie est courte et qu'il fallait qu'il trouve son chemin et ceci maintenant.
J'avais tellement de peine pour lui!!! En fait, je me suis rendue compte que la personne qui part a de la chance de partir car elle ne souffre plus, mais laisse les siens dans la douleur et le questionnement. J'aurais tellement aimé pouvoir m'effondrer et pleurer à grosses larmes, mais cela ne vient pas. Peut-être cette habitude acquise depuis si longtemps de toujours montrer que je suis forte, telle une wonderwoman, ou la dame de fer que je ne  suis pas.!!!

Professionnellement, j’admets vouloir toujours me surpasser, atteindre la perfection, donner toujours encore et encore un peu plus, sinon un peu trop de moi-même. C’est ainsi, on ne peut pas se refaire quand on s’est déjà tant battu, car il y a encore quelques années en occident, quand vous êtes une personne de couleur, vous devez vous battre deux fois plus, être plus performant que tous pour avoir le droit à une place satisfaisante au soleil.
Souvent, certains collaborateurs dans nos pays du Sud ne le comprennent pas et vous prêtent des intentions et finissent par exprimer de l’aversion à votre égard. Mais heureusement qu’il est reconnu que vous ne pouvez pas être aimé par tout le monde, même dans votre famille !!!
Bref, ceci n’est pas le propos de ce blog, mais plutôt parler de la maladie qui me ronge un peu plus chaque jour.
Je dois maintenant attendre la décision du chirurgien : massectomie partielle ou totale ? That is the question ?.

dimanche 9 juin 2013

Annonce de la maladie

Comment en suis-je arrivée là, moi qui suis si prompte à donner des conseils aux gens, à critiquer ceux qui se négligent ?!
En fait, je ne voulais pas quitter mon "havre de paix", commencer de nouveau à courir après le métro, habiter dans une tour sans jardin, avoir des voisins qui ne répondront pas à mes salutations.... Je ne dis pas que je n'aime pas ma seconde patrie, mais c'est tout simplement plus stressant que nos pays africains certes démunis mais où on peut vivre simplement.. 
 Mais avais-je un autre choix, non, car mon pays ne dispose pas d'une unité d'oncologie à contrario d'autres pays africains. lutte-contre-le-cancer-afrique-francophone-traine
Aussi, après plusieurs mois de tergiversation, je me suis enfin décidée à venir consulter en France et plus particulièrement à l'Institut Curie où j'ai déjà malheureusement mes habitudes. Le médecin m'a immédiatement demandé de procéder à des analyses complémentaires. Je croyais que ce ne serait qu'une routine, bien que depuis quelques temps mon corps tirait la sonnette d'alarme. Comme je l'avais dit en rigolant au radiologue togolais qui m'avait fait mes premières radios : j'essayais d'exorciser et de conjurer la maladie en l'oubliant. Une forme de suicide ? Oui peut-être!!!  
J'ai donc fait une biopsie dans l'urgence et attendu patiemment les résultats.  Après une dizaine de jours d'attente : le verdict est tombé :cancer du sein et plus est encore CANCER DES DEUX SEINS. 
A ce moment les questions fusent et vous finissez par admettre tout simplement que vous avez durant ces quelques années donné priorité à des choses, à des gens ou à des sentiments que vous avez jugé plus importants que votre santé.  Vous devez en supporter les conséquences sans chercher de bouc-émissaires, tout simplement.
Mais que c'est difficile d'accepter la maladie une fois encore...., mais que faire d'autre quand tant de gens comptent sur vous et vous soutiennent?!
Le médecin voyant mon désarroi m'a dit qu'il me ferait après une reconstruction, mais avant de retrouver les seins de mes 18 ans, non disons 30 ans, il faillait d'abord faire face au choc et les jours suivants furent vraiment durs. 

jeudi 6 juin 2013

Le Saviez-vous


Si vous vivez en Afrique et que votre pays n'est pas cité dans cet article, vous devez vous inquiéter car la maladie ne prévient pas.

Afrique: Le cancer - une maladie qui décime la femme africaine

Par Leevy Frivet, 11 Mai 2012
Mauritius — Rien en Afrique ne tue plus que le cancer. Fait étonnant car l'Afrique souffre de bien d'autres maux, à commencer par les guerres civiles, les instabilités politiques, les déplacements des populations, la pandémie du VIH/SIDA. Mais c'est le cancer qui tue le plus, surtout les Africaines. La faute au manque de médecins, à l'absence de campagnes de prévention, de structures pour le dépistage, sans compter les rites ancestraux et traditionnels qui s'opposent aux traitements.
Elles sont des milliers de femmes à mourir de cancer sur le continent africain. Les organes les plus touchés sont le sein, le col de l'utérus mais aussi le pancréas. Il faut savoir que le cancer du sein est l'un des cancers les plus mortels en Afrique. Il est la première cause de mortalité chez l'Africaine et est plus fréquent chez la femme que chez l'homme. Il sévit généralement chez les femmes de plus de 45 ans.
En Côte d'Ivoire, il affecte 34% de femmes. Selon les statistiques officielles dans ce pays, deux femmes sur huit en sont atteintes. Sur le plan mondial, de toutes les femmes ayant présenté un cancer du sein, 10 % seulement consulte un médecin dès les premiers symptômes. D'après une étude menée entre 1993 et 1998 aux Etats-Unis, sur 100 femmes présentant un cancer du sein, 20 % survit après cinq ans alors que 70 % décède des suites de la maladie.
A Madagascar, le système de santé laisse grandement à désirer et surtout le dépistage qui y est pratiquement inexistant. Beaucoup de femmes malgaches qui vivent dans la brousse et dans les provinces loin des infrastructures de santé, meurent du cancer sans savoir quel mal les ronge. Anny, est une journaliste qui a perdu des proches et des amies qui luttaient contre cette maladie. Elle met l'accent sur la nécessité d'un dépistage précoce.
«Le cancer à Madagascar est souvent diagnostiqué trop tard. On n'explique pas assez aux femmes malgaches comment faire une palpation mammaire par exemple. On ne leur dit pas assez l'importance de la mammographie ou du frottis vaginal. Dans le privé, ces examens coûtent cher. De l'autre coté, sur le plan culturel, écarter ses cuisses devant un ou une gynécologue est impensable pour la femme malgache. Il faudrait vraiment que le ministère de la Santé fasse des campagnes d'information à ce sujet », dit-elle.
L'autre problème est que les Malgaches n'aiment pas savoir ce dont ils souffrent et préfèrent se voiler la face. «Savoir qu'on a le cancer après un bilan, et après ? Lorsqu'on n'a pas d'argent pour se payer les traitements, on n'a pas le courage pour affronter la nouvelle. Il vaut mieux ne pas le savoir.»
Côté soins, la chimiothérapie ou la radiothérapie relèvent de la pratique privée et coûtent cher. Et même s'ils existent en centre hospitalier public, les appareils de radiothérapie sont insuffisants pour les cas dépistés. Ceux qui ont les moyens et qui veulent connaitre leur état de santé ont l'avantage de pouvoir se faire soigner à temps. Et ils font tout pour trouver le financement pour cela. Autrement, pour le Malgache, le cancer reste le « homamiadana » ou «celui qui tue à petit feu ».
Et pourtant, le Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement, signé et ratifié par Madagascar, demande à ce que tous les Etats membres rendent accessibles et à pas cher des soins pour les femmes comme pour les hommes.
Bien que la santé soit gratuite à Maurice, qu'il y ait des campagnes encourageant le dépistage précoce et que les soins les plus sophistiqués soient proposés, les patientes rencontrent d'autres types de problèmes. Et malgré toutes les facilités mises en place par le ministère de la Santé, le nombre de décès dus au cancer ne fait que s'accroitre. L'hôpital Victoria à Candos dans la ville de Quatre Bornes, est dépassé par le nombre de patientes qui viennent faire soit de la radiothérapie ou de la chimiothérapie. La salle d'attente est bondée de femmes maigres, abattues, qui ont perdu leurs cheveux.

Dédicace à la femme africaine

Puisse chaque femme africaine qui regarde cette photo se reconnaisse dans l'une de ses jeunes filles et ce poème de Léopold Sédar Senghor.


Femme nue, femme noire
Vétue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J'ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu'au coeur de l'Eté et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut d'un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein coeur, comme l'éclair d'un aigle

Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais
lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du
Vent d'Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l'Aimée

Femme noire, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète, aux
flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.
Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or ronge ta peau qui se moire
A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains
de tes yeux.

Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l'Eternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les
racines de la vie.